L’assurance paramétrique : une révolution pour les PME

assurance paramétrique
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L’assurance paramétrique fait évoluer certaines pratiques dans le domaine de la gestion des risques pour les petites et moyennes entreprises (PME). Basée sur des données mesurables et des seuils prédéfinis, elle permet une indemnisation conditionnée, sans avoir besoin de passer par l’ensemble du processus long des expertises classiques. Pour les PME, qui fonctionnent souvent avec des moyens limités, ce modèle peut représenter une solution utile face à certains risques difficilement anticipables, comme les événements climatiques. L’utilisation d’outils numériques, une certaine rigueur dans les déclencheurs d’indemnisation et une complémentarité avec le système d’assurance classique contribuent à en faire une possibilité à envisager pour renforcer la gestion des aléas.

Définition et fonctionnement de l’assurance paramétrique

L’assurance paramétrique, aussi appelée assurance indicielle, repose sur une logique différente de celle des assurances traditionnelles. L’indemnisation se déclenche ici dès qu’un indicateur objectif franchit un seuil établi à l’avance. Ce déclencheur peut être basé sur des paramètres météorologiques comme la quantité de pluie, la température ou la vitesse du vent. Ce type de fonctionnement se prête assez bien aux risques d’ordre climatique ou aux activités impactées par les conditions environnementales.

Lors de la souscription, l’entreprise et l’assureur s’accordent sur ce seuil. Prenons le cas d’une entreprise soumise au risque de sécheresse : si les précipitations descendent sous une valeur mesurée, la somme prévue est versée. Ce paiement n’est donc pas lié à l’ampleur réelle des pertes, mais au franchissement de l’indicateur convenu.

Ce modèle fait appel à différents outils technologiques : des interfaces automatisées pour recueillir les données, l’usage de la blockchain pour renforcer la traçabilité des échanges, des capteurs connectés pour une remontée d’information continue, et des contrats dits intelligents qui exécutent les engagements convenus dès le déclenchement de l’événement.

Contrairement à d’autres formes d’assurance qui nécessitent l’évaluation postérieure des dégâts par un expert, l’assurance paramétrique permet une indemnisation conditionnée à un critère objectif, jugée souvent plus rapide dans sa mise en œuvre.

Les avantages pour les PME

Délai d’indemnisation réduit : Le fonctionnement de l’assurance paramétrique est souvent perçu comme plus simple. Dès que la condition définie est remplie, la somme prévue est versée sans qu’il soit nécessaire de justifier en détail les impacts subis. Cette méthode peut faire gagner un temps précieux aux PME et éviter certaines démarches longues, ce qui peut s’avérer utile dans des périodes compliquées.

Accès à des informations en temps réel : Grâce aux données collectées par des dispositifs numériques, il est possible d’assurer une certaine transparence dans la gestion du contrat. Les données sont recueillies automatiquement, et l’exécution des contrats peut se faire avec un degré minimal d’intervention humaine. Ce mode de fonctionnement favorise une approche plus structurée de la gestion des risques, mais peut nécessiter une certaine adaptation.

Exemples d’applications pour les PME sensibles aux conditions climatiques : Certaines entreprises agricoles ou industrielles sont régulièrement confrontées aux aléas naturels. Une PME du secteur viticole, par exemple, pourrait bénéficier d’un contrat qui prévoit une indemnisation si la température passe sous un certain seuil critique durant une période clé. Cela contribue à réduire le temps d’attente et peut maintenir une certaine continuité dans l’exploitation, même si cela ne remplace pas entièrement l’analyse d’impact propre à chaque situation.

Les limites de l’assurance paramétrique

Bien que son fonctionnement présente plusieurs attraits, l’assurance paramétrique comporte aussi certaines limites. Le versement est souvent déconnecté de la perte effectivement subie : il repose uniquement sur l’atteinte ou non d’un indicateur. Ce système peut entraîner des décalages. Une entreprise peut recevoir une compensation pour un événement ayant peu d’impact sur son activité, ou inversement n’en recevoir aucune si les effets sont réels mais que l’indice choisi n’a pas été franchi.

La qualité des données est un autre point central. Il est essentiel que les données (climatiques ou autres) soient fiables et accessibles. Si les mesures sont imprécises ou si les sources de données ne sont pas bien établies, les décisions peuvent être remises en question. La collecte de ces données peut poser des interrogations, notamment pour les PME qui souhaitent garder un certain contrôle sur leurs informations.

« L’année où nous avons fait appel à une assurance paramétrique, les prévisions indiquaient un risque élevé de sécheresse. Quand les données officielles ont confirmé une faiblesse des précipitations, notre contrat s’est déclenché automatiquement. Le versement obtenu rapidement nous a aidés à limiter les retards dans le paiement de nos fournisseurs. Cela a réduit les tensions sur notre trésorerie. Le processus était moins contraignant que par le passé, ce qui a été utile pour nous dans un moment clé. »

Assurance traditionnelle vs paramétrique

CritèreAssurance traditionnelleAssurance paramétrique
DéclencheurAnalyse des pertes réalisée après le sinistreSeuil mesuré basé sur un paramètre objectif
Délai d’indemnisationPlusieurs semaines à plusieurs moisQuelques jours une fois les conditions remplies
ComplexitéExpertise humaine nécessaireAutomatisé, peu d’intervention
CoûtVariable selon le risque et la couvertureDépend des données disponibles et du niveau d’exposition
Types de risques couvertsModèle étendu, mais parfois peu souple sur certains risques naturelsAdapté aux situations mesurables avec données disponibles en continu
Quels risques peuvent être concernés ?

L’assurance paramétrique s’adresse généralement aux entreprises touchées par des aléas pouvant être mesurés de façon fiable. Les événements climatiques comme les tempêtes, les gelées ou les sécheresses entrent dans ce cadre. Elle est parfois déployée également pour couvrir des problématiques de chaîne d’approvisionnement, selon les secteurs.

Comment déterminer les seuils des indicateurs ?

Les seuils à partir desquels le contrat se déclenche sont définis au moment de la rédaction, selon les besoins de l’entreprise et les données passées. Il est recommandé de bien analyser son environnement de risque pour éviter d’avoir une couverture inadaptée.

Est-il possible de combiner ce modèle avec un contrat classique ?

Oui. Les deux systèmes ne sont pas exclusifs. Certaines PME choisissent de compléter leur assurance initiale avec une couverture paramétrique, ce qui leur apporte un filet supplémentaire dans le cadre de risques pour lesquels l’évaluation reste incertaine.

Qu’en est-il des données utilisées pour les déclenchements ?

Les assureurs mettent en place des protocoles de recueil stricts pour assurer la qualité des mesures utilisées. Les informations doivent être fiables, accessibles et sécurisées. Des technologies comme la blockchain contribuent à renforcer la traçabilité du processus. Cela suscite néanmoins des réflexions sur la gestion de ces flux pour les entreprises attentives à ces questions.

L’assurance paramétrique apporte une alternative dans un contexte où certaines PME cherchent à améliorer leur approche face à des risques peu maîtrisables ou mal couverts par les mécanismes classiques. En posant des critères de déclenchement clairs et basés sur des données externes, ce type de contrat permet d’intervenir plus vite dans certaines situations. Malgré tout, cette solution n’est pas exempte de limites : elle ne remplace pas les expertises personnalisées lorsqu’il faut ajuster une compensation aux réalités variées que vivent les entreprises. Réfléchir à la pertinence de cette approche dans une stratégie de gestion des risques peut intéresser certaines PME cherchant davantage de réactivité, sans pour autant négliger l’adéquation entre indemnisation et réalité terrain.

Sources de l’article

  • https://entreprendre.service-public.fr/vosdroits/F37365
  • https://www.economie.gouv.fr/facileco/assurance-assureurs-mediation